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Demeures et maisons de maîtres – La Castouade alias La Grange

Si la closerie de la Grange, propriété du chapitre de Saint-Laud depuis XVIème siècle, a disparu en 1990 pour faire place à un petit lotissement, aux numéros 27 et 28 de la rue de la Ranloue subsistent deux bâtiments anciens, rénovés avec bonheur.

Le lieu de « la Castouarde », composé d’une maison de maître et d’un logement pour le fermier, dépendait au XVIème siècle du domaine de la Ranloue et appartenait à François Fouquet, marchand drapier, ancêtre de l’illustre Nicolas Fouquet, le surintendant des finances de Louis XIV.

De 1652 et jusqu’aux lendemains de la Révolution, la Castouarde a toujours appartenu à une même famille : les Esnault, des avocats et aussi un chanoine. Elle a ensuite appartenu aux Maunoir de Loiré pendant pratiquement tout le XIXème siècle. Nicolas Maunoir était juge au grenier à sel de Candé. Sa fille Julie qui en hérita, vendit à Pierre Denis Dolbois en 1888.

Le destin des deux maisons se sépare à la succession de M.Dolbois : sa fille Marie, épouse de René Pinier, maraîcher, se voit attribuer avec d’autres biens, la vieille grange, tandis que son fils Pierre, curé de la Salle-Aubry (M&L) hérite de la ferme, qu’il revendra en 1949 à Joseph Robert.

Au numéro 27, se dresse la maison de maître avec une chambre basse ornée d’une belle cheminée, une chambre haute et grenier, auxquels on accède par un curieux escalier à volée droite se poursuivant par une volée en vis. La maison n’était pas bien grande mais joliment construite. Ce devait être un pavillon de chasse à l’origine. Elle perdit au cours des siècles cet usage pour ne devenir que simple grange et remise, peu à peu délaissée.

Quand, à partir des années 1970, la commune commença son important développement, elle fut naturellement intéressée par ces terrains proches du centre-bourg. Elle les acheta pour y faire construire des maisons individuelles. La vieille grange fut conservée avec l’intention d’en faire un bâtiment communal ; mais le projet fut abandonné. Ainsi les années passèrent et le bâtiment ne tarda pas à se dégrader.

Un heureux événement se produisit alors : la société d’édition ICEDAP, installée juste à côté, cherchait à s’agrandir. La mairie fit une proposition et la vente fut conclue en 2000. La restauration fut réalisée en 2002 avec le concours de l’architecte des Bâtiments de France. Cependant la cheminée et l’escalier ne purent être sauvés. Ainsi par son changement de destination, la vieille grange a été solidement réhabilitée pour traverser d’autres siècles.

Au numéro 28, la longère, nommée autrefois « la Petite Castouarde », fut reconstruite en 1764, comme en atteste la pierre gravée au dessus d’une porte. Trois chambres de 6 mètres de côté se suivent, dont l’une avec cheminée et four à pain. Au dessus, le grenier est couvert d’une belle charpente avec entraits et aisseliers, dégageant d’importants volumes.

Déclarée démolie lors de son achat par Pierre Dolbois en 1888 (le gros oeuvre ayant été conservé), elle a été réhabilitée en maison d’habitation avec étable attenante. Au cours du temps, les deux premières pièces avaient été divisées par des cloisons, la troisième pièce servant de remise.

Quand la maison fut vendue en 1984, ses nouveaux propriétaires ont démoli toutes ces cloisons et ouvert les portes qui avaient été condamnées, redonnant ainsi à cette demeure ses beaux volumes d’origine. Elle a ensuite été restaurée en extérieur : remise en valeur des murs de schiste et réfection des appareillages de tuffeau.

Nous avons là une bien belle maison de ville !